À la découverte des composteurs urbains
Arrivée l’an dernier à Saint-Nazaire, un mois avant le premier confinement, je cherchais depuis que j’ai acheté une mirifique poubelle de compostage où la vider. Pendant quelques mois, j’ai versé mes épluchures dans le bac d’une copine de Pornichet-La Baule, qui a jardin et poulailler. Je savais qu’il existait à Saint-Nazaire une association qui œuvrait dans le compost partagé, mais sans plus. Dans la ville bourguignonne où j’habitais avant, les projets de compost partagé étaient rares et réservés à des immeubles privés. Ma voisine de palier m’indique un jour le point de collecte du square de la Mutualité. Toute contente, à la mi-février, me voilà partie à pied avec ma petite poubelle jusqu’au square. Quand j’arrive, je constate que le bac de bois est cassé. En rentrant, je signale le mauvais état du box à la Carène, via un petit mail. J’atterris dans la liste d’échange des composteurs du square. Ravie de voir que ces initiatives écolo, quotidiennes et pratiques sont bien organisées dans ma nouvelle ville et surtout coordonnées par des spécialistes.
Rencontre devant le bac
C’est sur cette boucle de mails que j’apprends que Charles, maître-composteur du coin, cherche des volontaires pour l’aider lors d’une opération de transvasage de compost. En mal de lien social comme tout le monde, vue la période rigolote de crise sanitaire planétaire que nous traversons, je me dis : « pourquoi pas ? »
Mardi matin , 23 mars, 10 h 30, square de la Mutualité. Je fais la connaissance de Charles Guilgars et de Camille devant les bacs. Camille a initié depuis trois ans la démarche d’un composteur partagé dans le quartier. La bonne idée qui fait du bien. Il a su réunir quelques volontaires autour de lui pour poser sa candidature et s’en est occupé au début. Quand Compostri a repris l’exploitation, via Charles, ce dernier a ajouté un bac de matière sèche, du broyat. Le groupe a l’air de fonctionner en toute sympathie. Pas facile de savoir ce qu’on peut mettre ou non dans le compost. On a besoin de conseils. Le compost, c’est comme la philo, il y a plusieurs écoles. Agrumes pas agrumes ? Je coupe en petits morceaux ou pas ? Ai-je le droit de mettre du papier ?
Travaux pratiques
Rien de tel qu’un exercice pratique pour fixer ses idées. Il s’agissait de vider un bac de compost vieux de 5 mois (donc un peu jeune) et de fermer l’autre pour lui permettre de se décomposer au mieux. Charles le donnera sans doute à une association de son réseau. Griffe, fourche, pelle. Avec les outils du maître composteur, on s’attaque au bac du milieu. Une bonne odeur d’humus, quelques pousses vertes et on brasse. On transvase le compost dans des bacs noirs rectangulaires, que Charles et Camille empilent dans la camionnette Compostri. Nous faisons des découvertes. Beaucoup de vers de terre, en forme et de toutes tailles, ce qui fait plaisir car ce petit animal devient hélas rare dans les sols d’aujourd’hui. Nous trouvons aussi quelques indésirables comme des bouchons de liège, des restes peu biodégradés de sacs soi-disant biodégradables. A éviter ! Au fur et à mesure des pelletées, on tombe sur des coquilles de palourdes et d’huîtres en quantité. Les spécialistes appellent ça la strate de Noel 😉… Attention, pensez à broyer vos coquilles en trois coups de marteaux avant de les confier au compost , car tout était resté intact.
Chère tête de linotte, si vous cherchez votre splendide couteau économe bleu depuis trois semaines, sachez qu’ il a atterri dans le compost quand vous avez vidé vos épluchures ! Ce superbe économe a rejoint la collection de Charles. Un jour, promis, il les revendra tous au profit de Compostri !
Florence Genestier, rédactrice et composteuse urbaine à Saint-Nazaire.