Rencontre avec Charlotte Muckensturn, qui a passé 3 mois avec nous (entre télétravail et confinement…) pour travailler sur l’émergence d’un réseau régional dans le but de consolider et d’amplifier la prévention et la gestion de proximité des biodéchets sur le territoire.
1/ Peux tu nous présenter ton cheminement et ton parcours
Après 6 ans de travail dans une agence de webmarketing spécialisée en collecte de données, j’ai réalisé que ce job n’avait plus de sens pour moi. J’avais besoin de réfléchir et je suis partie en solo, en sac à dos en Asie du Sud-est pendant 3 mois. J’ai adoré cette région du monde et surtout les sourires des Cambodgiens !
J’y suis donc retournée avec mon compagnon en 2014. On s’y est installé pour de bon en janvier 2015. J’avais besoin de me sentir utile. Là-bas j’ai rencontré une Australienne qui avait lancé un mouvement : Plastic Free July et elle cherchait des bénévoles dans la capitale Phnom Penh. J’ai proposé mon aide et c’est ainsi que j’ai monté une petite équipe de formateurs et que nous avons lancé un programme de formations et d’ateliers centrés sur le plastique jetable et les déchets plastiques. Cette mission a duré trois ans. J’ai beaucoup appris, rencontré beaucoup de professionnels et d’activistes. J’ai réalisé qu’une fois qu’on se débarrasse de ses déchets plastiques, il ne reste que des matières organiques (à titre individuel, j’ai commencé un petit compost sur mon balcon à Phnom Penh mais le climat est spécial et tropical). Et dans mes ateliers j’évoquais inévitablement le compostage. Mais surtout je sentais que le compostage représente bien plus que la simple gestion des matières organiques.
C’est ainsi qu’à mon retour en France en octobre 2018 j’ai eu envie de me former au compostage. J’ai eu la chance de suivre une formation de guide composteur avec Au Ras du Sol au printemps 2019. A la suite de quoi, j’ai réalisé que j’avais besoin de bases théoriques en « sciences de l’environnement ». Me voilà donc inscrite à l’université de Nantes en formation continue pour devenir chargée de projets en développement durable. C’est dans le cadre de cette formation que je réalise ce stage chez Compostri.
Ma mission dans l’association est de travailler sur la création d’un réseau régional : le Réseau Compost Citoyen. Ce réseau c’est d’abord une association nationale qui a plus de dix ans et qui a pour mission de représenter la filière de compostage : prévention et gestion de proximité des matières organiques.
Et depuis 7 ans un besoin s’est fait sentir de créer des collectifs à l’échelle des régions. Tout d’abord pour se rencontrer en région, pour des journées techniques, des visites de sites. Mais aussi pour s’entraider et coopérer, développer le compostage dans les zones blanches et aider les jeunes entrepreneurs/associations, échanger des outils, partager des logiciels (cartographies…). Et pour représenter la filière à l’échelle régionale, être une instance de plaidoyer. Dans le cadre de la loi AGEC et de la généralisation du tri à la source, la filière a des opportunités immenses ! Évidemment la contrainte c’est le temps. Tous les acteurs du compostage sont très occupés. Et un réseau se crée à plusieurs.
Nous avons choisi de mettre en place des groupes de travail pour le lancement de cette nouvelle association : en travaillant ensemble on apprend à se connaitre, on fait réseau, et idéalement grâce à l’intelligence collective on gagne du temps et peut-être que finalement le temps ne sera plus un problème. Un autre objectif est d’expérimenter la création d’un réseau inter-régionale : Pays de la Loire et Bretagne. Un beau challenge !
Lorsque l’on réfléchit au sens de son travail et que l’on cherche des réponses, on commence souvent par changer son mode de vie pour se sentir plus en adéquation. C’est ce que j’ai fait. J’essaye d’être zéro déchet. C’est pas facile tous les jours !
Mais surtout j’ai monté avec mon compagnon et une amie rencontrée au Cambodge une association : Les autruches utopistes. Notre mission : promouvoir le zéro déchet avec des outils médiatiques. Pour nous le zéro déchet est un outil politique en plus d’être un mode de vie. Nous produisons actuellement une série documentaire multimedia en 5 épisodes, en suivant les 5 R de la méthode zéro déchet : refuser, réduire, réutiliser, restituer à la terre, revoir la conception. Nous avons eu la chance de trouver des partenaires financiers et intellectuels grâce à eux notre site a pu voir le jour en novembre 2020 : https://exploredelautrecote.com/
Le premier épisode est donc en ligne. Au programme : une vidéo tournée à l’été 2019 à La Bascule à Pontivy et avec les jeunes de Youth for Climate ; deux articles pour mieux comprendre le mouvement La Bascule et des portraits de jeunes militants ; une illustration sur la désobéissance civile et un podcast audio avec Camille Choplin nouvelle adjointe au maire de Bordeaux, et une jardinière de semences paysannes ainsi que le fondateur de Low Tech à Bordeaux… Pour le deuxième épisode nous allons filmer la Galerie du zéro déchet à Nantes (nous avons déjà filmé à l’été 2020 l’expérimentation Tera : tous ensemble pour un revenu d’autonomie installée à Tournon d’agenais), et pour le reste : plein d’autres surprises (dont un petit article + vidéo d’un hotel zéro déchet en Slovénie) !!
Fin 2020 nous avons aussi lancé une campagne de financement participatif qui nous a permis de récolter suffisamment pour produire notre 3e épisode (sur le thème « réutiliser »). Pour ce 3e épisode, nous souhaitons aller voir à Bruxelles ce qui se fait en matière de zéro déchet, filmer l’action des militants de Zero Waste Europe installés dans la capitale belge, interviewer les responsables d’un restaurant zéro déchet, mais aussi mieux comprendre la consigne (avec Boxeaty à Bordeaux et Bout’ à bout à Nantes).
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